L’ambassade des Etats-Unis en France, donc à Paris, fut la première de toutes les ambassades à l’étranger pour les représenter. Les premiers ambassadeurs furent illustres : Benjamin Franklin, John Adams, Thomas Jefferson et James Monroe. Son implantation actuelle est cependant récente. L’ambassade des Etats-Unis s’est beaucoup promenée.

Avant d’en raconter l’histoire, plantons le décor.

L’Ambassade est dans un quartier plaisant, aéré et marqué par l’histoire. Elle est installée à l’extrémité de l’avenue Gabriel laquelle doit son nom au premier architecte du Roi Louis XV. Le roi voulait une belle place pour clore le jardin des Tuileries et l’ouvrir vers une nouvelle avenue qui se dessinait : celle qui deviendra les Champs Elysées. La place a connu quelques vicissitudes et changea de nom au gré des révolutions, des choix politiques et des enthousiasmes parisiens. C’est en son milieu que fut installé la première guillotine. Elle eut ainsi le privilège d’être au commencement des milliers de décapitations d’une république devenue folle.

De nos jours, la place est ornée de magnifiques fontaines, d’un obélisque offert par l’Egypte à la France au XIXème siècle. Elle ouvre d’un côté sur un des plus beaux ponts de Paris et sur le Palais Bourbon siège de l’Assemblée nationale et de l’autre sur deux magnifiques hôtels, celui dit de la Marine et le célébrissime hôtel Crillon.

L’ambassade a vue sur les arbres qui encadrent l’avenue des Champs-Elysées jusqu’à la place de l’Etoile et sur les jardins qui suivent l’avenue jusqu’au niveau de l’avenue Franklin Roosevelt.

Son emplacement permettrait de dire qu’elle est au centre d’une sorte de « réseau américain » : l’avenue Franklin Roosevelt n’est pas loin. L’hôtel particulier habité par Thomas Jefferson était à deux pas (il a disparu depuis longtemps). Il ne faudrait pas oublier la rue de Washington qui donne un peu plus haut sur les Champs Elysées. Depuis la grille d’entrée de l’Ambassade, en regardant vers le Louvre, on trouve le consulat des Etats Unis installé dans le célèbre hôtel Talleyrand dont on parlera un peu plus loin. Sur la façade de ce dernier une inscription rappelle qu’en ce lieu prestigieux fut signé et mis en place entre 1947 et 1952 le « Plan Marshall » « contre la faim, la pauvreté, le désespoir et le chaos»

Faisons un peu d’histoire : le premier bâtiment de la légation américaine était situé à Passy à l’Ouest de Paris, hors des murs d’enceinte et de douanes, dans un charmant village plus tard englobé dans le XVIème arrondissement. Elle y demeura de 1777 à 1785. C’était encore la campagne ! Mais une campagne bien fréquentée, car s’étalant sur une colline en hauteur, elle offrait un air pur à ses habitants et du vent pour les moulins ! De grandes demeures y étaient bâties. Parmi les célébrités, un américain, Benjamin Franklin, vécut dix ans dans le village de Passy, hôte de M.de Chaumont en son hôtel de Valentinois.

Paris, en grandissant, se transformait. La légation fut changea d’emplacement (Il reste de ces évènements une rue Franklin). Beaucoup plus tard, la chancellerie de l’ambassade des Etats-Unis se trouvant à l’étroit dans des bâtiments mal commodes situés rue de Chaillot, toujours dans l’Ouest de Paris, il fallut penser à un autre emplacement. En 1926, un décret du Congrès des Etats-Unis autorisa l’acquisition de l’hôtel Grimod de La Reynière, contiguë à la place de la Concorde, au tout début de l’avenue Gabriel, non loin du Palais de l’Elysée, à deux pas de l’Ambassade de Grande-Bretagne. Très rapidement, la construction des nouveaux bâtiments de l’ambassade fut lancée par les Architectes américains Delano et Aldrich. Ceux-ci s’attachèrent à dessiner un bâtiment respectant le style de la place et des bâtiments conçus par l’architecte du roi Louis XV, Jacques-Ange Gabriel, auxquels on a fait allusion plus haut :  L’hôtel de la Marine, ancien garde-meuble du Roi et son bâtiment jumeau, aujourd’hui Hôtel de Crillon, autrefois hôtel des monnaies.

L’ambassade des Etats-Unis occupe une vaste superficie et dispose d’un jardin, comme pratiquement tous les hôtels particuliers qui jouxtent l’avenue Gabriel entre la rue Royale et la rue de l’Elysée, cette dernière donnant sur le parc du Palais présidentiel.

Un côté de l’ambassade suit l’avenue Gabriel, la rue Boissy d’Anglas. Cette dernière porte le nom d’un juriste dont la carrière fut brillante tout au long de la Révolution française, de l’Empire et finalement de la Restauration sous le roi Louis XVIII. Des hommes et des femmes illustres y vécurent depuis le musicien Lully, jusqu’au Préfet Haussmann en passant par Laure Junot, Duchesse d’Abrantes.

Aujourd’hui, la rue est totalement interdite à la circulation automobile pour des raisons de sécurité. En revanche, elle est bordée de restaurants et cafés. Elle croise la rue du Faubourg Saint-Honoré au niveau des boutiques les plus célèbres et des couturiers les plus fameux.

L’ambassade est un bâtiment « sensible » : son accès est très protégé par de nombreuses chicanes et un dispositif de gendarmerie très dense auquel s’ajoutent les personnels de sécurité relevant des autorités américaines.

Et si nous parlions d’espionnage ? Les toits et derniers étages font régulièrement la une des journaux pour les équipements électroniques dont ils seraient dotés. Les méchantes langues vont jusqu’à prétendre que, dans le dernier étage surmonté d’antennes de toutes sortes, sont installés des moyens d’écoute exceptionnels. Leur puissance permettrait à des équipes du renseignement américain d’écouter ce qui se passe alentour… c’est-à-dire, jusque dans le Palais de l’Elysées, et pourquoi pas, le bureau du Président de la République Française !

L’affaire est née après que des travaux de réfection et d’entretien eurent lieu de 2004 à 2005 : un blogueur lançait cette information reprise par le journal Libération : « une façade en trompe-l’œil… dissimule une station d’écoutes…une station d’espionnage des télécommunications du Special Collection Service (SCS), une unité commune à la NSA et à la CIA ». Il ajoutait, un peu dépité, « Dans la mesure où ce système n’est pas intrusif et qu’il est sur le territoire américain, la France n’a pas grand-chose à dire ».

Tout ceci se déroulait en 2015. Depuis, rien de nouveau.

Dans le prochain article, on complètera la description des bâtiments de représentation des Etats-Unis avec l’hôtel de Pontalba, résidence de l’Ambassadeur des Etats-Unis.